Mike Pugin, l’histoire d’une vie


Les interviews que je fais me permettent de rencontrer des personnes différentes, passionnantes et toutes liées par une même passion: le hockey sur glace.
Celle d’aujourd’hui m’a conduite à Mike Pugin, joueur de 1ère ligue à Sion.

D’interview en confidences, il fait partie de ces personnes qui vous touchent d’entrée de jeu, de par leur sensibilité, leur vécu et leur façon de voir la vie.

De la découverte de la maladie de sa maman, alors qu’il n’avait que 12 ans, du soutien qu’il lui a apporté jour après jour, de sa disparition 7 ans plus tard, de tous ces moments que l’on devrait partager avec ses parents à cet âge-là et qui lui ont été volés, de son combat pour avancer malgré tout… De tout son vécu il en a gardé sa rage de vivre, de vaincre.
Quand d’autres auraient sombré, abandonné, lui s’est battu, et en a fait sa devise: la vie est courte et ne mérite pas qu’on y laisse des regrets, tout donner et y croire jusqu’au bout.

A l’heure où la majorité des joueurs commencent le hockey dès leur plus jeune âge, lui n’a pu se lancer que lorsqu’il a eu 15 ans, grâce à une place décrochée à Genève par sa maman, comprenant la passion de son fils pour ce sport.
Les blessures ne l’ont pas épargné cette saison et même si encore aujourd’hui il doit serrer les dents pour jouer, faute à une cheville qui le fait souffrir, il ne lâche rien. Pourquoi? Pour une promesse qu’il s’est faite à lui-même : aller le plus loin possible, jusqu’au bout de son rêve, sa passion, en hommage à la personne qui était tout pour lui.

J’ai été touchée par cette histoire et j’en ressors admirative par tant de force, de courage et par cette magnifique leçon de vie.

Mike aura son mot à la fin de l’interview, le mien sera au début: « Accroche-toi et continue…de là où est ton étoile, elle veille sur toi et je suis persuadée qu’elle est fière de toi ! Bravo Mike, et bonne chance pour la suite.
J’en profite également pour te remercier pour le temps que tu m’as consacré et pour ta confiance. »

Et maintenant, place à l’interview, qui se compose de trois parties : version sport, décalée et perso. Bonne lecture.

MIKE PUGIN #49 HC Sion 1ère ligue

Date de naissance: 1er avril 1993
Profession :
En stage pour sa maturité pro-commerciale dans l’immobilier administratif.

Mike, décris-nous ton parcours sportif:

-J’ai fait beaucoup de vélo et du kickboxing-full contact (Il est ceinture noire). Durant l’été j’entraîne un peu les combattants de mon père dans son école.
A la suite de la maladie de ma maman j’ai dû arrêter le vélo; j’ai fait des tests à Genève pour le hockey, j’ai été pris.
L’aventure a commencé le jour où j’ai eu mon premier match de championnat à Morges (en Minis A) et j’ai marqué le 10e goal.
Après les Minis A j’ai continué en Minis Top avec Philippe Bozon comme entraîneur.
Après ça a été les Novices Top et les Novices Elites.
Ensuite je suis parti à Viège en Juniors Elites B. Je m’entraînais aussi avec la ligue B et je jouais avec l’équipe de Saas-Grund en 1ère ligue.
C’est durant les 1/4 de finale des play-off contre Ajoie que j’ai signé à Fribourg en Juniors Elites A.
J’y ai joué deux saisons et au début de la troisième j’ai fait la préparation avec la ligue A. En novembre-décembre je suis retourné à Genève.
2013-2014 je faisais partie de Genève-Servette II en 1ère ligue.

Un titre?
-Celui de Champion Romand de 1ère ligue, gagné contre Morges le 24 mars dernier.

Tes objectifs sportifs?
-Je suis quelqu’un qui ne lâche jamais, je me bats jusqu’au bout, peu importe si ça paraît perdu d’avance. Mon but c’est de me pousser moi-même le plus loin possible, pour voir jusqu’où je suis capable d’aller.
Mon rêve c’était de pouvoir inviter ma mère, parce qu’elle n’a jamais pu venir à cause de sa maladie, et que la première fois qu’elle me verrait jouer, ça serait en professionnel.
Mais peu importe ce qui se passe, j’ai toujours dû me battre dans la vie et sur la glace ça va être pareil.
Je traverse une saison compliquée mais ça ne va pas m’arrêter. Je vais toujours pousser les limites plus loin, pour ne jamais rien regretter et pouvoir me dire que si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas, tant pis, j’aurai tout donné.

Ton meilleur souvenir?
-Au début de ma 2ème saison avec les Juniors j’ai reçu ma 1ère convocation pour aller m’entraîner avec la ligue A avec Fribourg. C’est Hans Kossmann qui est venu vers moi pour me dire que je devais remplacer Julien Sprunger, encore sous le coup d’une commotion. J’ai fait mon premier entraînement avec Andreï Bykov et Christian Dubé.

Ton pire souvenir?
-C’est d’avoir été malade lors du dernier match des 1/4 de finale Elites B des play-off avec Viège (contre Ajoie), de jouer avec 40 de fièvre et de n’avoir pas pu tout donner ce que j’aurais voulu pour aider mon équipe.

Tes joueurs modèles?
-Sydney Crosby et Martin St-Louis.

Un rite particulier au moment d’entrer sur la glace?
-Je suis superstitieux… je commence toujours par m’équiper avec tout ce qui est à gauche (le patin gauche en 1er, la coudière gauche, etc…).
Ensuite je demande à ma mère de m’accompagner, à chaque match. Je me mets sur la ligne bleue, je lui demande d’être avec moi.
Ca me permet de faire le vide autour de moi, de me concentrer sur le match et qu’elle me donne de la force.

Ton point fort:
-Ma rapidité

Ton point faible:
-Ma taille

Qu’est-ce qui t’a amené au hockey?
-La passion. J’allais tout le temps voir les matchs.
Je n’ai pas pu commencer le hockey avant mes 15 ans, les horaires et les obligations étant trop astreignantes pour mes parents.

Si tu n’avais pas été hockeyeur?
-J’aurais été kickboxeur.

Des passions en dehors du hockey?
-Le vélo, le kickboxing.

Le choix de tes numéros?
-J’ai commencé avec le 20, parce que toute ma famille est née un 20 (mes parents, ma soeur, et moi-même j’étais prévu le 20 avril).
A Fribourg j’ai joué avec le 27, parce que 20 juillet, la date de ma maman, et après je suis revenu à Genève et j’ai pris le 49, le numéro de la pierre tombale de ma mère, et je le garderai toute ma vie. C’est pour qu’elle soit toujours avec moi.

Que fais-tu en premier après un match ?
-Je m’assieds à ma place et je repense aux choses positives du match.

Ta plus grosse boulette sur la glace ?
-En Novices Top, je suis sorti de l’arrondi avec le puck, j’ai fait direct une passe à l’adversaire qui en a profité pour marquer le but de la victoire pour son équipe.

A quoi penses-tu quand tu es sur le banc des pénalités ?
-A ne pas trop me faire engueuler par le coach et l’amende que je vais payer (gros éclats de rire)

Qu’est-ce qui te plaît le moins dans le hockey ?
-Défaire mon sac quand on rentre d’un match à l’extérieur.

Si tu étais…
Un entraîneur ?
-Arno del Curto. Parce que pour lui, avant d’être une équipe, c’est une famille. C’est un père pour les joueurs.

Un joueur ?
-Andres Ambühl

Un club ?
-Davos

Ta devise ?
-Jamais baisser les bras, toujours continuer d’avancer, et ne jamais devenir sérieux.

INTERVIEW DECALEE
Le hockey, ça aide avec les filles ?
-Oui ! …. Enfin oui et non… Il y a plein de filles qui aiment le hockey mais d’un autre côté on a une sale réputation et ce n’est pas toujours facile de les faire changer d’avis. Mais ça aide quand même.

Si tu avais un super pouvoir ?
-Celui de ramener les gens à la vie.

Pour quelle raison aimerais-tu être une femme ?
-Pour ne pas faire l’armée.

Un tête-à-tête avec une célébrité. Avec qui et que ferais-tu ?
-Blake Lively, du film Savage, et je prendrais un jacuzzi (dit-il avec un grand sourire^^)

MIKE, VERSION PERSO

Qu’est-ce qui te fait rire ?
-Les gens pas sérieux.

Qu’est-ce qui t’énerve ?
-L’arrogance, les gens faux, ceux qui ne respectent pas les autres.

Tes qualités ?
-Sincère, franc, direct. Je suis à l’écoute des gens et je donne tout à ceux que j’aime.

Tes défauts ?
-Têtu ; quand j’ai une idée en tête je la garde.

Ton meilleur souvenir ?
-Les dernières vacances en Corse avec ma mère.

Ton idée du bonheur ?
-C’est pouvoir prendre soin de ses proches, qu’ils aient la santé, passer du temps avec eux, profiter de chaque instant.
On croit toujours que la vie elle est longue, et pis, en fin de compte…

Si tu étais, un film ?
– Braveheart, avec Mel Gibson, parce qu’il se bat pour ce qu’il croit et n’abandonne jamais, même si c’est perdu d’avance.

Une chanson :
Anywhere you go de DJ Antoine. C’est la chanson que j’écoutais avec ma maman avant qu’elle parte. (paroles : Peu importe où tu iras je te suivrai, du plus profond des ténèbres jusqu’à la lumière, je te suivrai…)

Un plat :
-Spaghetti bolognese

Un lieu de vacances ?
-La Corse

Un jeu télé ?
-Fort Boyard, auquel mon père a eu l’occasion de participer.

Une série ?
-Chuck

Une voiture ?
-Une Aston Martin One 77

Un des 7 nains ?
-Joyeux

Ton mot de la fin ?
-Que tu continues ce que tu fais avec la gentillesse que tu as, de nous suivre, de prendre du temps pour nous. De faire ces photos qui restent, parce que tout ce qu’on vit là on l’a dans la tête mais on ne l’a pas en images.
Tu arrives à prendre des instants dont on se rappellera plus tard, qu’on soit triste ou heureux à ce moment-là. Des choses qu’on a faites, des souvenirs qui nous resteront à jamais.
Et avec la personne humble que tu es, et gentille, je trouve génial de faire ce que tu fais. Tous ces kilomètres pour suivre une équipe, t’immiscer dans ce sport de machos, d’être là et de prendre du temps, de ton temps qui est précieux.
Prendre du temps pour les autres, ça c’est magique et ça n’a pas de prix.

Avril 2015 / Mauricette Schnider

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