L’annonce de la fin de carrière d’Elien Paupe a fait du bruit dans nos contrées
Mais pour quelles raisons?
Elien Paupe, 27 ans, gardien talentueux s’il en est, que j’ai eu l’opportunité de voir évoluer en junior déjà et que j’ai pu suivre tout au long de sa carrière professionnelle à travers divers clubs. Un talent pur, un bosseur, une personnalité attachante.
Le Jurassien a longtemps évolué entre Ajoie et Bienne et avait assurément sa place en ligue nationale, A ou B, peu importe. Il est aujourd’hui représentatif de ses jeunes qui ont mangé, dormi, vécu pour le hockey, de ceux qui ont sacrifié beaucoup de choses pour leur passion, comme ses parents , du reste, qui lui ont assuré un soutien sans faille. Comme des centaines d’autres avant lui, et d’autres encore après… mais peut-être plus autant qu’avant, ou moins assidûment. Je m’avance trop? peut-être… ou pas!
Je vis le hockey depuis 24 ans, j’ai vu l’évolution de ce sport, des mentalités, j’ai côtoyé tant de joueurs, de tout âge. Le constat aujourd’hui est pour moi alarmant. Tant de jeunes joueurs qui raccrochent les patins, du jamais vu.
A l’heure où le covid s’est invité parmi nous et a changé les mentalités sur le sacrifice, s’ajoute la fameuse et décriée règle des 6 étrangers en NL. On a même parlé de 7, ou même de 8…! Quelle folie! Moins de places pour nos jeunes. A part pour les pépites bourrées de talent, quelle envie trouveront nos hockeyeurs en herbe avec un avenir fermé? Qui dans le monde d’aujourd’hui a encore envie de tout donner, son temps, sa vie, ses loisirs, les copains, les soirées, pour une très éventuelle porte qui s’ouvre?
Le retrait d’une équipe formatrice telle que la Zoug Academy a déjà été un coup de massue pour les juniors arrivés à la porte de la ligue nationale, alors que bon nombre de ses joueurs ont pu faire le saut plus haut grâce à elle.
Même les GCK Lions sont ouvertement critiqués par les supporters lambdas, qui ne comprennent pas la formidable passerelle qu’ils représentent. N’ont-ils pas joué les 1/2 finale des play-off cette saison? Et quelle belle démonstration -j’y étais-. N’ont-ils pas vu passer sous leur maillot des joueurs tels que Justin Sigrist, Jerome Bachofner, Dominik Diem, Raphael Prassl, Axel Simic ou encore Phil Baltisberger et Roger Karrer?
Pour en revenir à Elien, les étrangers sont les pièces maîtresses de chaque club. Six étrangers égal six places de moins pour les joueurs suisses.
Quand l’import est un gardien, ce sont nos portiers suisses qui se retrouvent sur le banc, dans des ligues amateurs ou… joueurs de golf!
Gardien est pour moi la plus belle place, mais la plus ingrate, la plus contraignante, la plus difficile moralement, et la plus restrictive. Un joueur peut changer de place, s’adapter, un gardien n’a d’autre choix que d’être devant ses buts, ou d’ouvrir la porte…
Deux gardiens, voire trois par équipe, le chiffre est bien maigre pour ceux qui arrivent derrière et qui ne trouveront pas de places. Où iront-ils? que feront-ils? le jeu en vaut-il toutes ses chandelles?
Le hockey plaisir a depuis longtemps fait place au hockey business, ne resteront bientôt que les passionnés de la première heure, ceux qui auront le mérite d’y croire jusqu’au bout et qui ne vivront que pour cet objectif: jouer du hockey et vivre de sa passion, mais combien seront-ils ces prochaines années à ce rythme?
La jeunesse est notre relève, ne la sacrifions pas au profit du spectacle-business. Même si le hockey en Suisse a un prix, ce n’est pas à nos propres joueurs de le payer!