Carnet de bord: les droits de la femme d’être sur la glace

Mauricette Schnider

Une affiche sexiste dans une patinoire en 2024

Le 22 février dernier, le HC Crans-Montana disputait une demi-finale de play-off de 2e ligue face au HC Villars.

Dans les buts de Crans-Montana, Inès Mounir, 22 ans. La jeune gardienne a été formée au HC Sierre, et si elle a porté le maillot en championnat féminin avec Bomo Thun et les Ladies de Fribourg, elle joue principalement avec des équipes masculines, dont le club valaisan, avec qui elle évolue depuis 2021 (3e puis 2e ligue).

Ce 22 février donc, pendant son match, Inès a remarqué une affiche avec ces termes: « Inès à la cuisine », avec le rappel du score du premier match…

Touchée, forcément blessée, la jeune femme m’a fait part de son ressenti, ne comprenant pas qu’à une époque ou on parle d’égalité, de tolérance, de métiers pour tous, etc.. on puisse retrouver ces propos sexistes dans une patinoire.

Inès Mounir: « Je voudrais faire comprendre que ce n’est pas normal qu’en 2024 de telles choses arrivent encore. Par rapport à mon ressenti, cela m’a quand même touchée, car c’est la première fois qu’une telle affiche à mon attention a été brandie dans une patinoire. C’est ma maman qui a eu le courage d’aller arracher cette affiche au milieu des supporters de Villars, étant donné qu’aucune personne de Villars n’a réagi lorsque les supporters l’ont collée à la vue de tous les spectateurs. »

J’ai connu les balbutiements du hockey féminin au début des années nonante. J’ai entendu les rires de joueurs professionnels lors de nos entraînements, j’ai vu les moqueries et le peu de reconnaissance à notre encontre, sans compter les commentaires désobligeants. Malgré tout, mes coéquipières et moi avons continué ce sport, simplement parce qu’on adorait ça, et que l’avis des autres n’est pas notre vie à nous.

Avec les années et des joueuses telles que Sarah Forster, Nicole Bullo, Florence Schelling, et tant d’autres, qui ont remporté une médaille aux Jeux Olympiques, le hockey féminin a gagné en légitimité et en respect. Avec la création de nouvelles équipes comme l’EV Zoug, Berne, Davos, le retour de celle du HC Ajoie et d’autres qui se mettent en place pour la saison prochaine, un grand pas a été fait. La reconnaissance de PostFinance est la cerise sur le gâteau.

Dès lors, ces mots sexistes et rabaissants n’ont pas leur place, ni dans les patinoires, ni ailleurs. Et si être une femme et évoluer dans un milieu d’hommes posent des problèmes, que ceux qui sont concernés par ça remettent en question leur ego, et non pas la fierté et la passion des autres à faire ce qu’elles aiment.

Les paroles s’en vont, les écrits restent, je ne peux que souhaiter à Inès de poursuivre sa passion et de se servir de ces mots blessants pour en faire une force!

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