Un excellent physique, un mental à toute épreuve et un zeste de chance
Je suis dans le monde du hockey depuis 1989 et j’ai pu voir l’évolution de ce sport, d’abord comme supportrice, puis en le pratiquant, et aujourd’hui en le photographiant.
Connaître des joueurs depuis longtemps pour certains, les suivre sur la glace, voir leur comportement sur le banc, ressentir leurs émotions, font que je perçois beaucoup de choses, ce qui m’aide à analyser une équipe en période de crise.
Le scénario que traverse Bülach en ce moment, dernier du classement de MHL avec un total de 5 points pour 13 matchs, je l’ai déjà vécu, et il n’y a pas si longtemps…
Je l’ai vécu de l’intérieur avec Dübendorf la saison dernière. Chaque match était devenu une épreuve, chaque défaite, une souffrance. Un pas de plus vers l’inexorable relégation. J’ai ressenti le manque d’envie, la peur de perdre, le stress de l’erreur, la tension et la négativité qui planait sur le banc. Je me rappelle avoir tout essayé, des encouragements aux paroles réconfortantes, d’une présence de chaque instant, de mon énergie positive. Tout. Et ça n’a pas suffi.
Hier soir à Bülach, le ciel aurait pu nous tomber sur la tête, que le résultat n’aurait pas changé.
La spirale de la défaite était présente, sur la glace, et surtout dans les esprits. Un coup d’oeil sur le banc se suffisait à lui-même, pas besoin de mots. La tête baissée, le regard vide, les épaules basses, on ne sentait même pas l’électricité d’une rébellion, rien. On a déjà perdu, ça ne sert à rien…!
3-0, 4-0, 5-0, peu importe le score, il ne dépend que de nous de le changer.
La magie de ce sport est faite de retournements de situation, de scénarios improbables. Je le sais, j’en ai déjà tellement vus. Alors pourquoi pas hier?
A Frauenfeld, j’ai vu une équipe de Bülach décimée, subissant en plus la blessure de Nicolas Marzan, l’un des meilleurs éléments. Décimés, mais ils avaient l’envie d’y arriver. Ils y ont cru, ils se sont battus et ils ont gagné! Que s’est-il passé depuis 15 jours? Le mental a faibli…
Le retour de certains blessés, le prêt de joueurs de Swiss League, rien n’y a fait. Les licences B ont fait leur job, ont tiré l’équipe en avant, mais à part un sursaut d’orgueil en début de 2ème tiers, il n’y a rien à retirer de ce match. Des mauvaises passes “on se débarrasse du puck le plus vite possible”, un gardien abandonné et seul face aux assauts de Seewen, un coup de patin qu’on ne donne pas… Des joueurs dominants que je prends sans cesse en photos, devenus invisibles, absents…
Comme analyse, je vais vous parler de mon expérience personnelle.
Quand je jouais encore, je me rappelle de mes entraînements et de la fierté que j’avais à chaque fois que je battais une coéquipière pendant les exercices. Je donnais tout pour gagner, j’avais cette envie parce que je connaissais leurs points faibles, et je savais que je pouvais le faire. Mais lorsqu’il fallait faire pareil en match, j’étais moi aussi aux abonnées absentes, parce qu’à mes yeux les joueuses d’en face étaient de toute façon meilleures que moi… Et je n’arrivais pas à changer ça! Nous aussi on était dernières, nous aussi on perdait tout, et notre confiance a été réduite à néant, en tout cas la mienne.
Je me trompe peut-être, je n’ai pas le savoir universel, mais le scénario de Bülach me ramène à ça. Après un but, deux buts, on baisse les bras parce qu’on sait, ou plutôt parce qu’ON PENSE qu’on ne gagnera pas, alors à quoi bon? Alors que le dernier entraînement était bon, le match était un enfer.
Je connais quasiment chaque attaquant, chaque défenseur depuis des années, leurs valeurs, leurs points forts, je sais que leur talent ne s’est pas évaporé et qu’ils en sont capables…
En 2018, je n’avais qu’un mot d’ordre à l’intention d’une équipe chère à mon coeur.
Toute la saison je n’ai fait que répéter “Just for fun!”, amusez-vous, et surtout, croyez en vous! Personne ne peut gagner tous les matchs, les défaites font partie du jeu, mais l’important est la manière de perdre! Chaque sportif devrait se dire après un match “J’ai gagné ou j’ai perdu, mais me suis battu jusqu’au bout, et je suis fier de moi!”. Cette saison-là, mon équipe est devenue championne suisse…
Le physique, le mental, la chance, aucune victoire ne peut être acquise si ces trois ingrédients ne sont pas réunis! Travaillez votre mental aussi fort que votre physique, et vous y arriverez! J’ai confiance.
JUSTE FOR FUN AND NEVER GIVE UP !